La nuit venait de tomber sur la ville de Metropolis et je venais juste de sortir dans la rue escorté par quelques fines lames de mon équipes, mes précieux Joker Boy’s. Je venais de recevoir un appel et j’avais été obligé de quitter la soirée que j’avais organisé à l’Escala, mon petit chez moi douillet… je marchais dans la rue tout en fouillant dans mes poches… Bon sang mais ou est-ce que j’avais bien put mettre mon petit miroir… je m’étais maquillé précipitamment et du coup je devais vérifier mon petit minois afin de vérifier que le clown était beau mais je n’arrivais pas à trouver ce foutu miroir. Un épluche-patates, un tire-bouchon, un compas,  un canard en plastique, le vibro d’Aarya… Bon sang mais où était ce foutu miroir. Je m’arrêtais en pleine rue avant de me tourner vers mes hommes… Ils cessèrent aussitôt de marcher et je les détaillais un par un avant d’écarter les bras en me passant la langue sur les lèvres.

Je vis un drame… un drame qui m’affecte beaucoup… mon miroir… mon si beau miroir… n’est plus…

L’un d’eux te la volé…

Je posais ma main sur la tempe dans un soupire… ce démon en moi… il savait tout, il voyait tout, il était au courant de tout… je devais lui faire confiance… je m’approchais d’un de mes hommes qui tenait un couteau que je lui prit doucement… Dans un petit sourire, je me passais la langue sur les lèvres avant de lui trancher la gorge et je sautillais ensuite sur place en rigolant.

Trop bien on a le même sourire… Sauf que le tien est plus bas…

J’essuyais la lame du couteau avant de percuter que les lames reflettaient… je le portais à hauteur de mon visage et je vérifier mon make-up avant de sourire en reprenant ma route. Oh oui, j’étais plus beau que jamais ! Je finis par arriver dans la ruelle du rendez-vous. Un mec qui pouvait me rencarder sur quelques héros mais… ce con… il voulait pas ! Je m’approchais doucement de lui en souriant, me passant la langue sur les lèvres.

Il est amis avec les héros… il sait ou ils se trouvent… il veut ta mort !

Je sais… je le sais… Alors petit oisillon… je dois venir chercher les réponses hein ?

Je pris une batte de baseball à un de mes hommes avant de briser violemment le genoux de ce malheureux qui se mit à hurler.

OU EST MON BATOU BIS ? J’AI BESOIN DE LUI…

De rue en rue. De toit en toit. D'allée en allée et de bagarre en bagarre. Un soir de patrouille relativement calme et normal à travers Metropolis, rien qui ne puisse réellement changer de la routine. Telle était le genre de tâche qu'il m'incombait en règle générale… Sauf que ce soir je n'avais pas l'esprit, et encore moins la tête à ça. Je n'avais pas envie de me défouler sur un petit dealer ou encore de devoir perdre mon temps avec des braqueurs à la petite semaine. Je ne cherchais pas l'ennui de me retrouver face à un adversaire qui ne me provoquerait aucune montée d'adrénaline, ni même aucun défi quelconque. Je n'étais pourtant pas femme à jouer à la chauve-souris pour le simple plaisir de me sentir vivante et vibrante dans ma lutte contre le crime. Mais il y avait cette forme de rage, de colère et de haine qui me dévorait l'âme… À tel point qu'il m'en arrivait par moment de perdre de vue ma mission première qui était de protéger cette ville contre toutes les menaces qui s'y multipliaient!

-Est-ce raisonnable Eliana, de passer encore toute ta nuit à chercher après ce satané Clown?

La voix de Wesley résonnait dans mon oreille. Wesley, ce brave Wesley, je n'aurais jamais pu trouver meilleur majordome et meilleur conscience que ce brave quinquagénaire.

-Raisonnable ou non, j'ai BESOIN de mettre la main sur ce clown psychotique. Il en a déjà trop fait… Et je ne supporte pas de laisser une dette impayée!

Un soupir désapprobateur quitta les lèvres de mon ainé. L'entente n'était pas toujours cordiale, ni au beau fixe. Nos échanges pouvaient parfois s'avérer froids, secs, cassants, mais c'est aussi pour ça que je l'avais choisi lui et pas un autre. Au moins ne prenait-il pas de pincette, et encore moins de gants pour aborder les sujets qui fâchent.

-Je ne suis pas certain que ton père…
-Oublie tout de suite le restant de ta phrase Wesley! Cet enfoiré a mis mon père dans l'état où il se trouve actuellement. Et jamais, je dis bien jamais rien ni personne ne m'empêchera de faire ce qu'il est nécessaire pour lui rendre justice!

Atterrissant sur un énième toit de la ville, je décidai de couper toute communication avec Wesley et mon repère. Je n'étais pas d'humeur à partager ce genre de 'bonne vieille discussion'. Il me fallait ce clown. Il me fallait ce Joker, ou l'un de ses sbires capable de me mener à lui, quand bien même que cela eusse été un traquenard! Il me fallait cette confrontation, il me fallait son visage… Il me fallait sa vie afin que le règne des clowns sanglants et sadiques touche définitivement à sa fin!

Je ne sais pas si je suis née sous l'étoile de la chance mais, c'est à croire que le destin avait envie d'être clément ce soir. Bien malgré moi, c'est un cri de douleur dans l'une des ruelles adjacentes qui m'arracha un regard en coin bien vite accompagné d'un rictus. Un rictus provoqué par ce cri, par cette voix que je reconnaîtrais entre mille. Par ce diablotin désaxé qui me hurlait après pour recevoir la clémence de ma visite. Patience Joker Junior, tu vas avoir droit à ce que tu désires… Mais je ne te garantis pas que la rencontre te sera plaisante pour autant! Quoique, connaissant ton dérèglement psychique, ce salopard serait capable de jouir pendant que je me déchainerais sur lui! Il me dégoute, il me répugne, tout en lui m'enrage!

-Il suffit de demander…  Joker…

Marmonnais-je haineusement avant de me rendre à hauteur de la ruelle où se trouvait ma cible ainsi que six de ses hommes… Et un pauvre gars hurlant de douleur pour une blessure que je ne parvenais pas à identifier depuis les hauteurs. Qu'importe! Il voulait de la chauve-souris, il aurait de la chauve-souris! Au diable toutes les règles de mise en garde, toutes les approches calculées et faites de réflexion. Face à lui, je n'ai pas le temps de penser ou de réfléchir. Seule ma colère me fait lancer deux paires de Batarangs en direction de ses hommes avant que je ne m'élance dans les airs pour foncer en piquer sur un énième de ses sous-fifres. Tout au mieux, il n'aura que le temps de lever la tête avant que celle-ci ne termine dans un face à face douloureux avec le sol, mon corps réceptionné lourdement sur le sien. Mon visage se redresse. Mes yeux ne sont que rage et colère. Ma mâchoire est serrée.

-Tu me voulais… Me voilà!

Batou… petit batou… j’avais brisé ton père et je te briserais à ton tour comme un foutu canard laqué qu’on mange au dîner… Je rigolais de joie quand je voyais ma victime se tordre de douleur et je priais intérieurement le petit dieu qui se trouvait là-haut dans le petit ciel noir de m’envoyer mon petit cadeau de Noël dans la soirée… Trop longtemps que je semais le chaos dans cette ville, que je lui offrais enfin la criminalité qu’elle méritait et rien, pas un petit héros depuis que j’avais envoyé Bruce Wayne, l’assassin de mon précurseur au septième ciel… Il fallait que je perpétue la tradition et que j’envoie cette maudite bonne femme qui se croyait tout permis car elle avait repris le rôle occuper le lit de Bruce… Je me rappelais de ce jour fabuleux comme si c’était hier. J’armais ma batte de baseball pour en redonner un petit coup sur l’autre rotule cette fois car ce pauvre type refusait de parler malgré la douleur. Avant, je tentais de lui faire lâcher le morceau en marchant sur son genou broyé mais il était tenace ce brave homme… Des bruits sourds me stoppèrent dans mon geste et je tournais légèrement ma tête pour dire à mes hommes que mieux valait ne pas me déranger durant ma récréation quand j’entendis une sorte de gros boum et un râle de douleur d’un de mes joker boy’s et un sourire illumina mon visage de clown… Je me tournais à nouveau vers l’individu dont le genou formait une espèce d’angle étrange et excitant. Je laissais tomber ma batte de baseball sur le sol et je levais la tête au ciel, relevant mes mains couvertes de gants en cuir verts qui contrastaient bien avec mon costard violets et je remettais en arrière mes cheveux aux mèches vertes… Je soupirais doucement en me craquant la nuque. Il fallait reconnaître que je n’avais pas la même musculature que mon prédécesseur et je pouvais encaisser bien plus de coups qu’elle.

Hum… il faut toujours tout faire soit-même…

Je me tournais doucement en entendant la voix délicieusement féminine de la nouvelle chauve-souris et je la regardais dans un petit sourire sadique. Une bonne paire de nénés, une bouche plus sympathique que celle de Bruce Wayne. Je me passais la langue sur les lèvres en sautant sur place dans un rire amusé.

Oh mon dieu !!! BATOUUUUU !!!

Je sautillais sur place, les poings serrés et je ne cessais de me lécher les lèvres avec une petite excitation diabolique sur le visage. Je finis par me laisser tomber à genoux, les mains serrées en prière et je levais les yeux au ciel.

MERCI !!! Ô toi petit cloué de là-haut merciiiiiii !

Je me relevais doucement avant de me recoiffer et d’ajuster mon costard alors que je faisais face à mon héroïne… Je lançais un regard à mes hommes lamentablement étalés comme des merdes sur le bitume et je soupirais tristement.

Batou… tu m’as tellement manqué… mon cœur ne saurait se remettre de la perte tragique de Bruce… Depuis ce jour je comate… à moins que ce soit lui hahahaha !

Je me gossais littéralement, ravi de ma propre blague alors que je sautillais à nouveau sur place.

Et puis le même costume itout… bon les nibards en plus mais…

Je glissais tranquillement une main dans ma veste et j’attrapais et sortais mon épluche patates.

Je pourrais arranger ça je fais de la médecine… en amateur bien gore avec des cris, j’aime pas endormir les gens c’est moins… charmant !

Je me léchais la lèvre en la regardant dans les yeux…

Allé… viens voir papa… ah merde il est à l’hosto…

Je dois admettre que je n'ai jamais compris la culpabilité de mon père lorsque le Joker premier du nom perdit sa vie. Certes, cela n'avait été qu'un exemple criant de son désir de ne jamais apporté à la mort, et ce fut également à cette occasion qu'il insista sur l'importance de laisser tout criminel en vie, même les plus dangereux et les plus redoutables. Jusqu'alors, je ne comprenais pas pourquoi il s'évertuait à laisser un monstre à l'image du clown en vie. Il était le plus fou et le plus dangereux. Celui qui brisait toutes les limites sans redouter sa propre mort. Le laisser vivre était la véritable injustice de notre croisade et notre lutte perpétuelle. Mais non, mon père ne pouvait ni ne voulait accepter l'idée de se prendre une seule fois pour Dieu en prenant la vie de qui que ce soit. En réalité, depuis cette 'tragédie', je me suis toujours demandée si cet enseignement n'était pas qu'une chimère pour déguiser sa nécessité d'avoir sa némésis à ses côtés. Le Joker et Batman… Batman et le Joker… C'était une pièce qui se jouait depuis des siècles entre ses deux opposés, ses deux antagonistes par excellence. L'obscurité contre la folie. La morosité contre le rire. La détermination contre la folie. Un match inaltérable en réalité dont mon père ne perdait jamais une occasion de livrer un round supplémentaire avec, je pense, une certaine satisfaction malsaine que lui-même ne voulait pas reconnaître! Sauf qu'en ce point, je n'étais absolument pas mon père. Contrairement à lui, je ne désirais aucunement avoir ce nouveau Joker dans ma liste d'ennemis récurrents à devoir traquer et perpétuellement renfermer derrière les barreaux. La seule place où je souhaitais qu'il réside? Dans un cercueil, six pieds sous terre, même si cela devait me damner! Autant pour ce qu'il m'avait fait que pour tout le chaos qu'il créerait encore et encore tout autour de lui. Aucune alternative que la mort n'était possible avec ce genre de monstre… Je le prouverais d'une manière ou d'une autre!

Sans prononcer la moindre parole, tout mon corps se redresse alors que mes iris ne relâchant pas une seule seconde le corps de cet énergumène. Lui et ses petits 'gigotages' dans tous les sens. Lui et son humour à couper au rasoir. Lui et sa malice aussi exaspérante qu'insupportable. Mes poings se resserrent à l'instant même où il prononce le prénom de mon père. Comment ose-t-il? Comment ose-t-il s'offrir le luxe d'une telle liberté? Il mériterait que je lui arrache la langue avant de la lui faire avaler pour de bon! Mais si mon envie est de lui bondir dessus, un souffle derrière moi attire subitement mon attention. Le rescapé de ma cute et de mes batarang tente de m'attraper par derrière… Erreur! Un poing se redresse violemment vers l'arrière pour s'aplatir en plein milieu de son visage. Pendant que l'autre guignol continue de gesticuler, j'en profite pour me retourner vers mon 'pauvre' agresseur, agrippant son cou par-dessous mon bras et venant l'asséner d'un sévère coup de coude en plein milieu arrière de sa boite crânienne. Un de plus qui irait rejoindre le marchand de sable… Et  me laisserait ainsi totalement en tête à tête avec ce jojo barjo!

Lorsque je me retourne face à lui, la seule et dernière phrase que je perçois est cette nouvelle attention envers mon père. Il veut jouer à ça? Mes poings sont aussitôt serrés comme s'ils allaient implosés sur eux-mêmes. Il chercher réellement à me mettre en colère? Mon visage doit être totalement rouge de haine sous mon masque. Il n'attend que d'assouvir ses lubies plaisantes de masochistes de la dernière heure? Très bien! Je lui envoie un solide coup de pied frontal dans l'abdomen, suffisamment costaud pour le faire reculer jusqu'au mur derrière lui. Je n'attends pas pour briser d'un grand pas la distance qui me sépare de lui et fêter nos retrouvailles d'un lourd crochet en plein milieu de sa mâchoire. Et ne comptez pas sur moi pour lui laisser le temps de respirer car mes mains font preuves d'adresse et de rapidité pour l'attraper par le col de sa redingote afin de le claquer sévèrement contre le mur!

-Tu penses que je vais t'épargner comme l'aurait fait mon père?!

Rageais-je, mâchoire toujours aussi serrée, envoyant aussitôt sec mon front s'encastrer dans son faciés.

-TA PLACE EST AU CIMETIERRE AUPRES DE TON DEGENERE DE CLOWN!!!

Criais-je, tout en me laissant ouvertement emportée par mes émotions, chose que je m'interdisais en tout temps, excepté face à lui, pendant que j'usais de mes deux mains agrippées sur sa veste pour le tirer et l'envoyer valsé vers le sol.

Elle s’énerve… je le sens malgré la légère distance qui nous sépare. Je vois mon dernier homme debout prendre son courage à deux mains pour tenter de sauter sur la jeune femme masquée et je soupirais doucement devant le reste de la scène. Mais bon sang ou est-ce que je pouvais bien trouver ces petits guignols inutiles. Je continuais de gesticuler dans mon coin attendant que la jeune femme ne reporte son attention sur moi et le temps me parait long… je sens la jalousie pointer le bout de son nez car je trouve qu’elle attarde beaucoup trop son attention sur ces petits crétins de seconde zones. Enfin elle l’envoi au sol et je suis obligé de taper là où ça fait mal afin de sentir le bouillon reprendre et de voir une vraie haine dans son regard. Il fallait être honnête franchement… Elle ne serait pas Batwoman si je n’étais pas Joker… Elle et moi nous ne pouvons pas vivre l’un sans l’autre car nos combats seront aussi légendaire que ceux de nos prédécesseurs… ce serait sans aucun doute beaucoup plus violents et dévastateurs car nous étions beaucoup plus sans limite que Bruce et Joker… Je souriais à cette pensée avant de voir le pied de la chauve-souris grimper dans mon thorax, me coupant le souffle avant de heurter le mur du dos. Je grogne légèrement sous la douleur avant de me prendre un méchant crochet du droit et j’éclate juste de rire malgré le filet de sang qui gicle de ma bouche et vient maculer le mur de briques. Je soupire doucement en tournant la tête vers la chauve-souris si terrifiante pour tous les criminels de cette ville… Je me passe la langue sur les lèvres et je soupire.

Batou, je …

Je n’ai même pas le temps de finir ma phrase et même de la commencer que je me prend un violent coup de boule, le masque de la louve cognant mon visage maquillé et l’arrière de mon crâne vient heurter le mur et je souris avant de me retrouver lourdement projeté au sol… Sauf que moi, je ne suis pas comme mes boys, moi je ne ressens pas la douleur comme eux… aussi je me relève, je rajuste mon costard dans un petit rire, je me recoiffe, je vérifie mon make-up dans mon petit miroir que j’ai retrouvé.

Bien… tu veux jouer au gendarme et au voleur ?

Je tends mes petits poings que j’agite devant elle tout en sautillant et en m’esclaffant. Non je ne me fout pas de sa tronche… Ou alors un tout petit peu… Je glisse une main dans une poche et j’en attrape le premier truc que je trouve et j’écrase sur la machoire de mon adversaire une grosse… courgette… qui forcément se casse en deux et salit un peu la joue de Batou…

Oh… oh mince… oh mon dieu… je… attend Batou je vais nettoyer…

Je sors une petite serviette pour essuyer les traces de courgettes et je la regarde dans un petit sourire mielleux.

Encore un jouet de Harley…

La question pouvait effectivement se poser: serais-je le nouveau visage du Batman s'il n'y avait pas eu cet 'enfant' du Joker? Je n'en sais strictement rien, et je pense qu'au final je redoute de me poser ladite question pour en répondre par l'affirmative. Car, au final, cela impliquerait que j'accepte et que je cautionne ce que ce monstre à oser faire à mon père et mentor! Et jamais, je dis bien ô grand jamais, je ne pourrais accepter l'acte de cet énergumène, quand bien même que cela me permette de déambuler à travers les rues de Metropolis avec le costume de mon père! Primo ce n'était pas une imposture! Et secundo, non, je ne devais rien à ce décérébré. Je ne devais aucun cadeau, aucun présent, aucun service pour être arrivée là où j'en suis aujourd'hui! La seule et unique chose que je lui devrais pour l'éternité, c'est cette foutue vengeance qui me ronge et me bouffe les entrailles de l'intérieur. C'est tout ce qu'il mérite! Et même une partie ancrée dans les tréfonds de ma conscience trouve que c'est encore trop cher payé et lui accorder une attention particulière que les cinglés dans son genre ne mériteraient pas d'avoir en fin de compte!

Ma colère et ma frustration ne se calment aucunement en le voyant 'jouir' de cette douleur que je lui inflige. Encore une énorme différence entre lui et tous les autres. Il ne semble pas avoir de faille, ni de faiblesse dans toute l'étendue de sa folie! Je ne sais comment l'atteindre psychologiquement. Je ne sais pas comment lui faire mal physiquement. Je n'ai, jusqu'à ce jour, trouvé aucun moyen pour parvenir à le briser ou à le mettre sur la brèche pour qu'il soit en position de faiblesse. Je ne peux que d'avantage comprendre l'énervement de mon père lorsqu'il se retrouvait face au Joker premier du nom. Ne pas trouver de solution efficace et radicale face à un esprit si chaotique est tellement enrageant! Alors, oui, comment voulez-vous que je n'envisage pas de le tuer, très sincèrement?! J'ai juste la sensation que ce qui parvient à retenir parfois mes coups est simplement le plaisir qu'il serait capable d'en retirer une fois encore! Il ne tient à rien. Il ne croit en rien. Il n'a d'yeux pour rien, si ce n'est pour ses farces ridicules et ce plaisir d'une confrontation entre nous deux. Rien ne l'intéresse et tout lui plait en même temps. Pas de logique. Pas même une once de réalisme dans son existence en fin de compte. Pas de passé, pas de présent et pas de futur. Même un Homme Mystère digne de ce nom ne parviendrait pas à résoudre cet énorme point d'interrogation que demeure le Joker au final…

Il continue encore et encore de jouer au pitre. Que cherche-t-il? À présenter des excuses? Il n'y en a aucune possible, et je n'en n'accepterai jamais de sa part! Il veut jouer au gendarme et au voleur? Il veut se donner des airs de dandy en rajustant sa redingote? Il veut se payer ma tronche encore et encore longtemps?! Je ne dirais pas que mes nerfs sont en train de lâcher mais ma patience face à ses singeries à des limites et je suis sur le point de le happer une nouvelle fois à l'instant même où je sens cette masse visqueuse s'abattre sur mon visage. Il est sérieux?! Une courgette? VRAIMENT?! Ce ridicule a déjà trop duré, et ça ne fait même pas deux minutes que je suis arrivée sur place, c'est ça le pire!

-Harley et toi…

Réagis-je, toujours aussi mauvaise en attrapant cette main perchée sur mon visage. Mes doigts se pressent sur ses phalanges et je n'hésite pas à tourner pour, même si ça ne lui fera rien, me donner l'illusion que je peux lui faire mal et saccager cette main insultante!

-Même combat! Vous n'êtes que des vermines qui ne sont bonnes qu'à être exterminées!

J'accentue la pression sur sa main et sur son poignet, je ne vais pas me priver si je peux le lui croquer voir pire, le retourner ou même le casser! Bien que cette ordure est résistante comme c'est pas permis…

-Mais puisque tu veux jouer, alors on va jouer espèce de malade mental!

Je relâche son poignet pour agripper de nouveau son col pendant que ma main libre se munit de mon bat-grappin. D'un coup sec, je tire vers le ciel et nous laisse être hissés dans les airs à mi-hauteur du bâtiment que nous longions. Il devait y avoir quoi? Une petite dizaine de mètre? Mais la hauteur me semblait convenable. Le grappin dans une main, le col du Joker dans l'autre, je le regarde avec un 'sourire' haineux.

-Je suis sûr qu'un taré dans ton genre doit raffoler du jeu du pendu… Et se croit assez con pour pouvoir voler en plus, je me trompe?!

Oui, je suis directe! Et, non, je n'ai pas la retenue de mon père! Je serais curieuse de voir si, effectivement, cet imbécile sait réellement voler tiens!

Cette femme était mon héroïne… ma justicière à moi, celle qui n’existe que pour moi, que parce que j’existe… je suis sa Némésis mais elle n’est pas la mienne. Elle ne pourra jamais sauver autant de vie que je pourrais en tuer… Elle n’était rien, elle n’était Batwoman que parce que j’étais le Joker et si je pouvais exister sans elle, cette maudite petite idiote ne pourrait pas exister si je n’étais pas… moi ! Double Face, l’homme mystère et les autres, ce n’étaient que des bouffons mais mes bouffonneries à moi étaient les pires, les plus dévastatrices que cette planète ai jamais connu. Je faisais péter des banques juste pour le fun, je braquais les mafieux et brulait leur pognon juste pour les emmerder, je volais des sacs aux grands-mères et je les cognais avec jusqu’à ce que leur cervelle ridée se répande sur le sol… Cette petite chauve-souris ne pouvait pas comprendre pourquoi autant de haine, pourquoi ce besoin irrépressible de faire couler le sang par hectolitres. Et quoiqu’elle puisse en dire ou en penser, la jeune femme aimait me casser la gueule, ça la défoulait autant que ça me plaisait car je savais que ça la frustrait de ne pas pouvoir m’atteindre. Je me relevais tout le temps, je rigolais tout le temps et j’étalais dans sa face de souris chauve le fait qu’elle était impuissante face à moi et que la seule façon dont elle pourrait se débarrasser de moi, c’était de me tuer, de commettre cet acte que son père désapprouverait et qui la hanterait durant le reste de sa vie comme la mort du Joker numéro 1 avait traumatisé son père. Elle se voulait plus forte, elle voulait prouver au monde qu’elle était la Batwoman légitime et comme c’était une gonzesse, elle se sentait obligée de faire preuve de bien plus de zèle… C’était blasant chez les bonnes femmes ! Ma Arya elle était parfaite, en même temps c’était ma chose, je la modelais à ma façon et c’était ainsi qu’elle devenait une belle criminelle. Je me passais la langue sur les lèvres dans un sourire alors que j’essayais d’essuyer les traces de courgette sur la joue de la jeune femme et je regardais Batou quand elle reprit la parole, éclatant de rire devant sa nervosité et sa colère… Je l’énervais plus que quiconque, j’étais son pire ennemi, sa bête noire et même si elle rêvait de me faire manger mes dents, elle savait qu’elle devait se maintenir. Ses paroles sur Harley et moi me fendaient le cœur et je lâchais une petite larme, fouillant dans les poches de ma veste pleine de bric-à-brac et je sortais un mouchoir pour essuyer la petite larme au coin de mon œil et me moucher avant de poser le mouchoir dans la ceinture pleine de gadget de cette chère Batwoman. Je soupirais doucement, ma voix légèrement brisée par le chagrin.

Je… qu’est-ce que j’ai fais pour une telle méchanceté hein ? Moi et Harley on veut juste… animer un peu ta vie… forcément après avoir inanimé Bruce…

Sadique, j’éclatais d’un rire strident en commençant à nouveau à sautiller dans tous les sens dans un sourire à la fois moqueur et amusé. Elle allait me détester et j’adorais ça ! Quand elle reprit la parole, je l’observais doucement et j’eus un petit sourire amusé en me frottant les mains et en me passant la langue sur les lèvres.

Hum oui… jouons j’aime jouer… Bagamon ? Mikado ? Fléchettes ? Assassinat d’enfants ?

Oui pour moi tuer était la même chose que me curer le nez, ce qui allait encore horripiler un peu plus mon ennemi mortel. Je me fis agripper par le col et on finit sur un toit alors que j’avais un « Oh » épaté devant le gadget, ses paroles arrivant à mes oreilles et j’eus un petit sourire amusé.

Jouer au pendu ? Hum… pas sur que ça vaille le cou… Haha, héhé, hoho !

Je lui tirais la langue en sautillant partout ravi de ma blague, me gossant du fait qu’elle ne pourrait jamais me faire taire et m’éviter de jouer. Mais elle me parlait de voler et là… j’étais son homme. Je sortis de ma veste une pompe à vélos et une bouée canard dégonflée que je commençais à gonfler tranquillement.

J’aime voler… enfin je n’ai jamais essayé mais je sais que je vais aimer…

Je souris doucement et j’enfile la bouée canard… la tête du canard est peinte comme mon visage et je regarde Batou en caressant la tête du canard… que je finis par presser. Un gaz hilarant se dégage du bec et file droit sur Batou et je profite de sa surprise pour lui enchaîner direct du gauche, crochet du droit et coup de pied dans le thorax pour l’expédier du haut du toi. Observant la bat-griffe tombée au sol.

Trop bien…

Je vise le mur d’en face et je tire mais je ne m’attendais pas à me faire projeter vers le mur que je heure de plein fouet et je viens m’étaler dans les poubelles non loin de Batou… avant d’éclater de rire.

On peut recommencer ?

Sans prétention aucune, je pense pouvoir me considérer comme une personne calme et posée, particulièrement lorsque je porte le masque. Ce masque, comme me l’a enseigné mon père, était comme un second visage, une seconde peau. Lorsque l’on devient la chauve-souris, on accepte de devenir la nuit. On accepte de devenir le faciès représentant la terreur la plus immense de tous les criminels. Nous nous transformons en un symbole. Le symbole incorruptible d’une justice qui ne peut être achetée ou salie d’une quelconque manière que ce soit. Le symbole de cette sueur et de ce frisson dérangeant qui prennent d’assaut la peau des criminels traqués lorsqu’ils comprennent qu’ils sont pris au piège et finiront contre nos poings. Le visage calme et pourtant brutal de cette humanité bafouée par le mal et le vice. Oui, le visage calme. Car le calme nous permet de réfléchir, de penser, d’être attentif à tout ce qui nous entoure. Être calme pour tirer au mieux parti de notre environnement. Être calme pour cerner les faiblesses de l’agitation adverse. Être calme pour garder le contrôle et savoir raisonner avec objectivité en tout temps… Ou presque ! Car, oui, en cet instant, je ne peux être objective. Je ne peux être raisonnable. Et bien malgré moi, j’en perds de cette attention que mon père a toujours veillé à m’inculquer et qu’il témoignait avec un immense et solide savoir-faire. Sa peau et son esprit étaient plus impénétrables que les miens. Ma carapace n’était pas encore assez puissante, ni même suffisamment imperméable aux provocations et aux atrocités du cauchemar ambulant qui me faisait face. Le débat pourrait être alimenté durant des siècles et des siècles, mais entre nos descendants respectifs, je sais que mon père gardait presque toujours le contrôle… Alors que moi je ne l’avais presque jamais ! Sans doute la raison évidente pour laquelle je ne pourrais jamais avoir l’ascendant sur ce monstre… Ou pas. Je n’en sais rien ! Mais ce que je sais, c’est ce que je constate actuellement : nous sommes dans les airs. J’ai entraîné le Joker là où je le désirais. Il est précisément là où je le voulais. Et je retournais la notion de jeu contre lui. Pourquoi perdre mon temps alors qu’il m’aurait suffi de le bousculer et de l’envoyer valser dans les airs afin qu’il s’étale en bouillie sur le sol ?! Pourquoi j’ai cette part de paralysie chaque occasion où je pourrais réaliser ce qui me tient tellement à cœur ?!

Ce démon était reparti dans ces blagues discutables et ces pitreries habituelles. Après la courgette, qu’allait-il me sortir ? J’avoue que mes sourcils se froncèrent d’interrogation et de surprise à la fois lorsqu’il commença à se couvrir de cette espèce de bouée… Une bouée ? Vraiment ? Sa démence était-elle qu’il pensait pouvoir voler dans le vide et échapper à une chute fatale par la simple présence de ce canard gonflable ? Oh, qu’importe après tout, qu’il se suicide ne me donnera pas la satisfaction de lui avoir porter la mort mais, au moins, ce monde serait débarrasser de ce monstre sans nom !

-Tu vas voir à quel point je vais te…

Je suis surprise, prise de court. Ma gorge et mes poumons s’enflamment alors que je recule de quelques pas en arrière tout en toussotant et en portant une main à ma bouche.

-Du gaz…

Je n’ai pas le temps de rajouter quoique ce soit d’autre que je me retrouve à mon tour sous l’assaut de ses premiers véritables coups. Bordel, j’avais oublié à quel point il cognait fort par rapport à son prédécesseur. Ca me désarçonne, d’autant plus que je sens le gaz faire son effet et que je n’aime pas ça. La toxine du Joker, qu’il s’agisse du premier ou du second, avait la réputation d’être violente et plus puissante que celle de l’épouvantail. Ce petit test improvisé ne démentait pas ladite réputation !

Mes pieds quittent le sol. Je sens le souffle du vent dans mon dos. Mes yeux demeurent plissés mais je vois le rebord du toit s’éloigner de mon regard au fil des secondes. Je n’ai pas encore totalement imprimé ce qu’il vient d’arriver. L’espace d’un instant, tout devient sombre, tout devient noir. Le contact avec mon dos est lourd, dur. Mais quelque chose me fait penser que cela aurait pu être pire, bien pire. Je secoue ma tête. Je reprends mes esprits et sort d’une espèce de benne à ordure. Je n’ai pas terminé de me redresser que je vois le corps de ce clown s’étaler comme une bouse dans un monticule de détritus. Il n’a que ce qu’il… Que ce… Attendez, non. Mon visage, que m’arrive-t-il ? On dirait qu’une force s’empare de moi. On dirait que quelque chose essaie de prendre le contrôle de ma bouche et de ma voix. J’essaie de lutter… Non, je n’y arrive pas… Mais je le dois… Oui, je le do… Tant pis, non, tant pis, je ne peux réellement pas.

-Ta chute…

Un rictus accompagné d’un tremblement de rire silencieux prend peu à peu possession de mes membres.

-Et ça, ça s’appelle un clown… ?

Je sors de cette benne mais je m’y adosse aussitôt. Je commence à rire, mais à rire. Au début, j’essaie de maintenir cette hilarité silencieuse mais, finalement, ma voix s’exprime sous des soubresauts d’hilarité irrésistible.

-Je vais te montrer ce que c’est qu’une chute !

Mon esprit veut lutter avec insistance mais, chaque pas qui me rapproche de lui devient de plus en plus difficile. Je suis plus qu’à deux trois pas lorsque je cède, lorsque je tombe à genoux devant ce clown diabolique tout en me tenant le ventre de rire tant ladite hilarité demeure insupportable.