Je m'appelle Wayne, Eliana Wayne, un nom porté aujourd'hui avec honneur et fierté. Toutefois, cette même fierté, je ne l'ai pas toujours eu, et si aujourd'hui je marche avec intérêt dans les traces de mon père, ce fut loin d'être le cas durant plusieurs années!
À ma naissance, je me nommais Vale, comme ma mère. Vicky Vale s'appelait-elle. Une ancienne reporter photo de talent dont les opportunités professionnelles lui ont permises de travailler pour la presse papier de Gotham, avant de finalement se retrouver sous les projecteurs des reportages vidéos. C'était une femme, à mes yeux, d'une grande beauté et d'un professionnalisme. Mais, et surtout, une mère aussi présente que possible qui savait tantôt être là pour jouer les mères poules, tantôt se montrer plus sévère et plus revêche afin que je ne lui monte pas par-dessus la tête non plus. Rares sont les jours où elle n'a pas dû élever la voix pour que je cesse de faire des caprices ou que je me tienne un minimum tranquille. Je dois bien avouer que j'étais une véritable pile électrique et une petite chipie durant cette période enfantine, mais elle parvenait à me canaliser tant bien que mal. Puis, je voyais surtout le fait que, elle, elle était présente… Contrairement à mon père!
Bruce Wayne, LE Bruce Wayne. Le prince multimilliardaire de Gotham. Le golden-boy des années passées, des années présentes et des années à venir. L'un des plus beaux partis du continent que toutes les femmes s'arrachaient. Et un géniteur pitoyable et détestable à souhait de première catégorie! Je savais qu'il était mon père, je savais que c'était de ses relations avec ma mère que je devais la vie. Mais je n'avais absolument aucune reconnaissance pour cet homme. Comment pourrais-je en avoir d'ailleurs? Comment pourrais-je accorder un tant soit peu d'estime à une personne qui se complaisait de faire parler de ses frasques dans les journaux télévisés et la presse people au lieu de faire acte de présence auprès de son enfant? Ah oui, je le voyais… Une ou deux fois par an à l'occasion. Monsieur cherchait peut-être à se donner bonne conscience avec l'une ou l'autre visite hasardeuse où je préférais m'enfermer dans ma chambre ou plonger dans un mutisme total que de profiter d'un seul instant après de cette hypocrite et de cet irresponsable!
Depuis toute petite, j'ai toujours eu un jugement particulièrement négatif et haineux envers l'homme qui m'avait permis de voir le jour. Mais je ne voyais cela que de mes yeux d'enfant, puis de jeune adolescente. Je ne connaissais que la surface de l'iceberg. Je me moquais éperdument de comprendre ou de chercher les raisons d'une telle attitude à mon égard. Ce que je voyais à travers les médias me suffisait amplement pour savoir que je ne pourrais jamais compter sur cet homme que l'on présentait comme un philanthrope et un prince sauveur pour les investissements industriels réalisés à Gotham City. Ma mère tentait plus d'une fois, et en vain, de me raisonner et d'adoucir cette haine apparente que je développais pour cet homme. Seulement, j'étais bien trop obstinée et bien trop têtue que pour être capable d'écouter ses discours rationnels et emprunts de bons sentiments. Peut-être, au final, avais-je besoin de détester cet homme pour cacher ma peine, ma tristesse et ma déception de ne pouvoir avoir un père comme tous les autres enfants de mon entourage, allez savoir…!
Lorsque j'eus quinze ans, ma vie changea radicalement. Un changement qui n'était pas réellement souhaité et dont le prix à payer fut tout simplement douloureux et insupportable. Ma mère avait décidé de faire des révélations pouvant secouer toute l'organisation d'un mafieux redoutable de Gotham. Mais là où se trouvait le danger, ma mère elle n'y voyait que la vérité qu'elle se devait de faire éclater au grand jour afin de faire tomber certaines menaces planant sur la vie, et rendre un peu de justice et d'humanité dans les rues de notre ville. Ainsi était-elle faite, une journaliste au service de l'humain, de la justice et du système. Une journaliste au service de l'humanité… Mais d'avantage une journaliste et une mère qui fut abattu en pleine rue, en plein après-midi, sous mes yeux. Je quittais une épicerie. Elle m'attendait dans la voiture. Un motard au visage masqué par son casque s'arrête à sa hauteur. Une sorte de mini-mitrailleuse fut dégainé. Les balles se répandirent dans son corps. La moto redémarra aussi sec. Je courus à la voiture. Le corps de ma mère était en sang. Je me souviens de ces larmes douloureuses coulant le de mes joues. Je me souviens de ces cris d'effroi, de tristesse, de désespoir et de haine. Je me souviens que mon monde venait de s'écrouler, de s'effondrer.
À son enterrement, j'étais entouré de plusieurs de ses collègues qui me témoignèrent tous leur affection ainsi que leur marque de soutien. Mais je n'en n'avais rien à faire. J'étais incapable de prononcer le moindre mot, et toutes leurs belles paroles ne me ramèneraient jamais ma mère. Je suis restée longtemps face à sa tombe après les obsèques. Je ne voulais pas partir. Je ne voulais pas la quitter. Je ne savais pas où aller. C'est alors qu'il est arrivé. Bruce Wayne. Mon géniteur. Mon père. Je ne voulais pas lui accorder la satisfaction d'un sourire ou d'un merci, mais lorsqu'il a attrapé ma main dans la sienne et qu'il l'a serré avec cette douce fermeté, cela m'a fait plaisir. Cela m'a fait du bien. Toujours sans rien dire, je fus face à son 'invitation'. Oui, pour je ne sais quelle raison, il avait subitement décidé de se montrer présent et de me recueillir chez lui afin de pouvoir veiller sur moi. Non, je ne lui ai rien dis mais je l'ai suivi. Est-ce que j'avais envie de débarquer chez lui, dans son monde, dans son manoir, dans son univers? Je savais surtout au plus profond de moi que je ne voulais pas être, que je ne voulais pas rester toute seule. Puis, peut-être qu'une partie de moi-même avait ce besoin de se raccrocher à ça, de se raccrocher à l'idée que finalement mon père n'était peut-être pas tellement absent, qu'il était à même de pouvoir donner et soigner pour sa fille. Qu'il avait un minimum de reconnaissance pour elle en fin de compte.
J'ai rapidement étouffé. J'ai étouffé d'entrer dans ce manoir. J'ai eu le vertige de me retrouver dans une telle immensité. J'étais totalement perdue de passer d'un simple appartement bien agencé à une immense bâtisse où il était presque facile de s'égarer si on ne connaissait pas un tant soit peu les lieux. Je me sentais presque harcelée par un homme dont je ne savais rien et qui du jour au lendemain ne cessait de témoigner de présence et d'attention… Mais qui se montrait intransigeant sur les secrets qu'il avait et tenait à garder à tout prix. Et j'étais tout aussi perturbée par ce majordome dont la bienveillance perpétuelle parvenait à m'inquiéter. Non, c'était trop. C'était une offre généreuse mais elle n'était pas faite pour moi. Ainsi, une après-midi, sans rien dire, j'ai remballé mon sac. J'ai franchi la porte du manoir et j'ai regagné tant bien que mal le centre-ville de Gotham. Je ne savais pas où aller. Je ne savais pas ce que j'allais devenir. Mais j'avais besoin d'être dans un endroit vivant, avec de vraies personnes. J'avais besoin de me retrouver quelque part où je pourrais me sentir un tant soit peu exister de manière normale, banale, tout comme c'était le cas lorsque j'étais auprès de ma mère. J'ai trainé, j'ai zoné comme on dit et, finalement, je me suis trouvée une petite zone de squatte. Un nid miteux, certes, mais ce serait suffisant pour moi y dormir, même ne fut-ce qu'une nuit.
Ils étaient quatre. Quatre mecs d'une bonne vingtaine bien tapée, imbibés d'alcool et dont l'hygiène laissait plus qu'à désirer. Ils sont arrivés sans réelle discrétion, m'arrachant à un sommeil que j'avais fini par gagner. Ils me lancèrent des mots familiers, se rapprochèrent de manière inquiétante et prétendaient tous les quatre vouloir 'veiller sur moi'. Si ce n'est que je ne compris le sens de ses paroles qu'au moment où je sentis l'un d'eux me presser contre le mur et leurs mains à tous commencer à se poser sur les zones un peu sensibles et intimes de mon corps. L'une de ses mains s'apposa d'ailleurs sur ma bouche pour m'éviter de crier. Je tentais de me débattre mais je n'arrivais à rien. Ils étaient plus nombreux et avaient surtout une force et une poigne que moi, simple ado de quinze ans, je ne pouvais surpasser. Jeune mais pas idiote, je savais comment cette nuit allait se terminer pour moi… Et les larmes commencèrent à reprendre possession de mes yeux même si je ne le voulais pas. J'avais peur. J'étais effrayée et tétanisée. Après m'avoir pris ma mère, on allait me prendre mon innocence. Et dans les deux cas, j'en suis une témoin faible et incapable d'y faire quoi que ce soit. C'est alors qu'il est apparu, lui, le justicier de Gotham. Cette ombre et ce symbole qui ne cessait de rythmer l'actualité de Gotham de par ses apparitions: le Batman!
Si ma surprise fut grande de pouvoir être sauvée par le justicier, elle n'en fut que plus immense lorsque, libérée de mes agresseurs, la chauve-souris m'emmena sur les toits de la ville à ses côtés et me révéla son véritable visage… Mon géniteur… Mon père… Cet homme que j'avais détesté, critiqué et désavoué durant toutes ces années n'étaient en fait que ce symbole masqué qui luttait nuit après nuit pour rendre la véritable justice incorruptible à travers les rues et la ville toute entière de Gotham. Étonnée, choquée, incrédule, plus perdue encore… Ce fut un tumulte et un torrent d'émotions contradictoires qui me prit d'assaut. Désarçonnée, décontenancée, il me ramena au manoir afin de tout me dire, de tout me raconter. Pourquoi porter le masque, pourquoi se battre ainsi nuit après nuit, pourquoi avoir caché cette vérité et pourquoi s'être montré si absent durant toute ma jeunesse. Des révélations qui me touchèrent, qui me bouleversèrent. Je ne pouvais pas dire que je tombais aussitôt en un amour rempli d'affection pour mon père, mais j'ouvrais les yeux et acceptais de comprendre le pourquoi du comment. Mais cela n'empêchait pas certaines 'blessures' de rester ouvertes malgré tout.
Depuis cette révélation, je ne lui ai pas laissé le choix. Je ne lui ai pas laissé le choix à la fois de m'aider et de me former. Je voulais être capable de faire le deuil de ma mère et, en même temps, être capable de me montrer plus forte, plus insaisissable. Je voulais être capable de pouvoir me défendre contre tout type de menace. Je voulais m'endurcir. Je voulais devenir quelqu'un qui n'aurait nullement peur de lever les poings face à un conflit ou une violence quelconque. Tout comme je voulais pouvoir agir pour qu'une mort à l'image de celle de ma mère ne puisse plus arriver. J'ai bravé son refus et son entêtement afin qu'il cède et qu'il m'apprenne à devenir aussi forte que la chauve-souris. Ainsi ais-je commencé à me couper quelque peu du monde pour rattraper tout ce temps perdu avec mon père. Ainsi ais-je commencé par endurer un entraînement plus que douloureux et difficile. Ainsi ais-je appris à découvrir les réelles motivations d'un justicier, la morale propre au Batman. Ainsi ais-je appris à me battre en découvrant l'art des arts martiaux, mais aussi l'art d'enquêter, d'investiguer en m'inculquant les principes de la criminologie et de la médecine medico-légal. Il m'apporta toute sa science, tout son savoir. Il me forma dans son sanctuaire qu'était la Batcave avant de me laisser l'accompagner sur le terrain. C'est en l'ayant pour mentor que j'ai appris à le percevoir comme un père proche, attention et 'aimant', même si nos rapports étaient toujours marqués d'une certaine retenue sur le plan sentimental. Grâce à lui, je suis devenue une adulte, une femme… Et à la fois, quelque chose de bien plus que ça!
Je me suis sentie plus vivante que jamais à vagabonder entre les toits de Gotham auprès de lui. Je me suis sentie à la fois vivre et être complète lorsque nous traquions le crime et les horreurs de ses plus grands ennemis et autres adversaires. Que ce soit les victoires ou les défaites, les félicitations ou les blessures reçues, nous avons appris à tout partager pendant ces années-là. Et mon seul remerciement fut un symbole fort et unique en même temps. Je choisis à mes 21 ans de reprendre officiellement son nom. Je ne perdrais ni ne renoncerais jamais à la mémoire de ma mère. Mais j'avais besoin de montrer au monde entier qu'Eliana Wayne était bel et bien la digne héritière de son père. D'ailleurs, c'est en tant qu'héritière digne de ce nom qu'il m'appris également les rouages de son autre univers… Celui de Wayne Enterprises. Il ne voulait personne d'autre que moi à la tête de cette 'entreprise familiale' et je tâchais de me montrer aussi digne que possible de tous ces nouveaux savoirs qu'il m'apporta et me livré tel le plus précieux des cadeaux. À la fois héritière de son nom et de son ombre, l'enfant adolescent rebelle et en colère était devenue une femme vivant pour la fierté de l'homme qu'elle avait tellement détesté injustement des années auparavant en fin de compte.
Malheureusement, il fallut compter sur l'horreur et le sadisme d'un clown junior totalement dérangé et psychotique pour gâcher ce merveilleux tableau de famille. La lutte infernale qui se déroulait entre le célèbre Joker et mon père avait pris un tournant plus fatal lorsque leur dernier affrontement amena la mort dudit Joker, bien qu'elle n'avait pas été souhaitée. Mon père m'avait appris l'importance de la vie, et l'importance de ne pas tuer afin de conserver précieusement cette unique règle qui nous séparerait toujours des montres et des criminels que nous combattions. Cette mort sembla néanmoins sonné le glas de la folie, du chaos et de l'enfer dans les rues de Gotham… Jusqu'à ce jour, jusqu'à cette nuit où j'ai retrouvé le corps de mon père sans vie. La chauve-souris avait été laissé pour morte. Je l'ai pleuré, j'ai fait en sorte qu'il reçoive tous les soins possibles et imaginables afin que l'on puisse me ramener. Mais le verdict était le suivant: un coma prolongé dont nul ne sait s'il en ressortirait un jour. Je connaissais la force de caractère de mon père, je connaissais la puissance de sa volonté. Et je ne pouvais me résoudre à le laisser partir d'une telle manière. Alors je l'ai conservé, précieusement, à mes côtés, tout en le maintenant continuellement dans un coma artificiel en attendant le jour où il se réveillera à nouveau.
Depuis ce jour, ma vie a quelque peu changé. Aujourd'hui, les entreprises Wayne se sont implantées au sein de cette nouvelle 'mégacité' appelée Metropolis. Je savais que Gotham était en de bonnes et d'excellentes mains, que la sécurité y avait retrouvé ses droits. Et puis, je ne pouvais pas laisser cette nouvelle métropole voir le jour sans y mettre mon grain de sel. Cette ville devait être la solution et la réponse face aux horreurs s'étant abattue sur la côte ouest. Cette ville devait être un nouvel Eden, un nouveau paradis… Mais le cynisme familial qui coulait dans mes veines ne parvenait pas à y croire totalement. Qui plus est, tout ce 'nouveau monde' était l'œuvre d'un seul homme: Ezio Grey. Je me devais de connaître cette nouvelle entité qui avait toute une gigantesque métropole dans le creux de ses mains. Ainsi ais-je décidé de m'installer à Metropolis. Ainsi ais-je décidé de mêler les affaires de la Wayne Enterprises aux affaires de cet énigmatique monsieur Grey. Ainsi ais-je décidé de reprendre le costume de mon père et l'identité du Batman pour que personne n'oublie jamais l'immortalité de son symbole. Et ainsi ais-je rejoins le projet Injustice afin de lutter contre les failles de ce nouveau système en place et de m'assurer que cette justice pour laquelle s'est tant battu mon père puisse encore vivre et exister dans ce pseudo paradis aux allures infernales!
À ma naissance, je me nommais Vale, comme ma mère. Vicky Vale s'appelait-elle. Une ancienne reporter photo de talent dont les opportunités professionnelles lui ont permises de travailler pour la presse papier de Gotham, avant de finalement se retrouver sous les projecteurs des reportages vidéos. C'était une femme, à mes yeux, d'une grande beauté et d'un professionnalisme. Mais, et surtout, une mère aussi présente que possible qui savait tantôt être là pour jouer les mères poules, tantôt se montrer plus sévère et plus revêche afin que je ne lui monte pas par-dessus la tête non plus. Rares sont les jours où elle n'a pas dû élever la voix pour que je cesse de faire des caprices ou que je me tienne un minimum tranquille. Je dois bien avouer que j'étais une véritable pile électrique et une petite chipie durant cette période enfantine, mais elle parvenait à me canaliser tant bien que mal. Puis, je voyais surtout le fait que, elle, elle était présente… Contrairement à mon père!
Bruce Wayne, LE Bruce Wayne. Le prince multimilliardaire de Gotham. Le golden-boy des années passées, des années présentes et des années à venir. L'un des plus beaux partis du continent que toutes les femmes s'arrachaient. Et un géniteur pitoyable et détestable à souhait de première catégorie! Je savais qu'il était mon père, je savais que c'était de ses relations avec ma mère que je devais la vie. Mais je n'avais absolument aucune reconnaissance pour cet homme. Comment pourrais-je en avoir d'ailleurs? Comment pourrais-je accorder un tant soit peu d'estime à une personne qui se complaisait de faire parler de ses frasques dans les journaux télévisés et la presse people au lieu de faire acte de présence auprès de son enfant? Ah oui, je le voyais… Une ou deux fois par an à l'occasion. Monsieur cherchait peut-être à se donner bonne conscience avec l'une ou l'autre visite hasardeuse où je préférais m'enfermer dans ma chambre ou plonger dans un mutisme total que de profiter d'un seul instant après de cette hypocrite et de cet irresponsable!
Depuis toute petite, j'ai toujours eu un jugement particulièrement négatif et haineux envers l'homme qui m'avait permis de voir le jour. Mais je ne voyais cela que de mes yeux d'enfant, puis de jeune adolescente. Je ne connaissais que la surface de l'iceberg. Je me moquais éperdument de comprendre ou de chercher les raisons d'une telle attitude à mon égard. Ce que je voyais à travers les médias me suffisait amplement pour savoir que je ne pourrais jamais compter sur cet homme que l'on présentait comme un philanthrope et un prince sauveur pour les investissements industriels réalisés à Gotham City. Ma mère tentait plus d'une fois, et en vain, de me raisonner et d'adoucir cette haine apparente que je développais pour cet homme. Seulement, j'étais bien trop obstinée et bien trop têtue que pour être capable d'écouter ses discours rationnels et emprunts de bons sentiments. Peut-être, au final, avais-je besoin de détester cet homme pour cacher ma peine, ma tristesse et ma déception de ne pouvoir avoir un père comme tous les autres enfants de mon entourage, allez savoir…!
Lorsque j'eus quinze ans, ma vie changea radicalement. Un changement qui n'était pas réellement souhaité et dont le prix à payer fut tout simplement douloureux et insupportable. Ma mère avait décidé de faire des révélations pouvant secouer toute l'organisation d'un mafieux redoutable de Gotham. Mais là où se trouvait le danger, ma mère elle n'y voyait que la vérité qu'elle se devait de faire éclater au grand jour afin de faire tomber certaines menaces planant sur la vie, et rendre un peu de justice et d'humanité dans les rues de notre ville. Ainsi était-elle faite, une journaliste au service de l'humain, de la justice et du système. Une journaliste au service de l'humanité… Mais d'avantage une journaliste et une mère qui fut abattu en pleine rue, en plein après-midi, sous mes yeux. Je quittais une épicerie. Elle m'attendait dans la voiture. Un motard au visage masqué par son casque s'arrête à sa hauteur. Une sorte de mini-mitrailleuse fut dégainé. Les balles se répandirent dans son corps. La moto redémarra aussi sec. Je courus à la voiture. Le corps de ma mère était en sang. Je me souviens de ces larmes douloureuses coulant le de mes joues. Je me souviens de ces cris d'effroi, de tristesse, de désespoir et de haine. Je me souviens que mon monde venait de s'écrouler, de s'effondrer.
À son enterrement, j'étais entouré de plusieurs de ses collègues qui me témoignèrent tous leur affection ainsi que leur marque de soutien. Mais je n'en n'avais rien à faire. J'étais incapable de prononcer le moindre mot, et toutes leurs belles paroles ne me ramèneraient jamais ma mère. Je suis restée longtemps face à sa tombe après les obsèques. Je ne voulais pas partir. Je ne voulais pas la quitter. Je ne savais pas où aller. C'est alors qu'il est arrivé. Bruce Wayne. Mon géniteur. Mon père. Je ne voulais pas lui accorder la satisfaction d'un sourire ou d'un merci, mais lorsqu'il a attrapé ma main dans la sienne et qu'il l'a serré avec cette douce fermeté, cela m'a fait plaisir. Cela m'a fait du bien. Toujours sans rien dire, je fus face à son 'invitation'. Oui, pour je ne sais quelle raison, il avait subitement décidé de se montrer présent et de me recueillir chez lui afin de pouvoir veiller sur moi. Non, je ne lui ai rien dis mais je l'ai suivi. Est-ce que j'avais envie de débarquer chez lui, dans son monde, dans son manoir, dans son univers? Je savais surtout au plus profond de moi que je ne voulais pas être, que je ne voulais pas rester toute seule. Puis, peut-être qu'une partie de moi-même avait ce besoin de se raccrocher à ça, de se raccrocher à l'idée que finalement mon père n'était peut-être pas tellement absent, qu'il était à même de pouvoir donner et soigner pour sa fille. Qu'il avait un minimum de reconnaissance pour elle en fin de compte.
J'ai rapidement étouffé. J'ai étouffé d'entrer dans ce manoir. J'ai eu le vertige de me retrouver dans une telle immensité. J'étais totalement perdue de passer d'un simple appartement bien agencé à une immense bâtisse où il était presque facile de s'égarer si on ne connaissait pas un tant soit peu les lieux. Je me sentais presque harcelée par un homme dont je ne savais rien et qui du jour au lendemain ne cessait de témoigner de présence et d'attention… Mais qui se montrait intransigeant sur les secrets qu'il avait et tenait à garder à tout prix. Et j'étais tout aussi perturbée par ce majordome dont la bienveillance perpétuelle parvenait à m'inquiéter. Non, c'était trop. C'était une offre généreuse mais elle n'était pas faite pour moi. Ainsi, une après-midi, sans rien dire, j'ai remballé mon sac. J'ai franchi la porte du manoir et j'ai regagné tant bien que mal le centre-ville de Gotham. Je ne savais pas où aller. Je ne savais pas ce que j'allais devenir. Mais j'avais besoin d'être dans un endroit vivant, avec de vraies personnes. J'avais besoin de me retrouver quelque part où je pourrais me sentir un tant soit peu exister de manière normale, banale, tout comme c'était le cas lorsque j'étais auprès de ma mère. J'ai trainé, j'ai zoné comme on dit et, finalement, je me suis trouvée une petite zone de squatte. Un nid miteux, certes, mais ce serait suffisant pour moi y dormir, même ne fut-ce qu'une nuit.
Ils étaient quatre. Quatre mecs d'une bonne vingtaine bien tapée, imbibés d'alcool et dont l'hygiène laissait plus qu'à désirer. Ils sont arrivés sans réelle discrétion, m'arrachant à un sommeil que j'avais fini par gagner. Ils me lancèrent des mots familiers, se rapprochèrent de manière inquiétante et prétendaient tous les quatre vouloir 'veiller sur moi'. Si ce n'est que je ne compris le sens de ses paroles qu'au moment où je sentis l'un d'eux me presser contre le mur et leurs mains à tous commencer à se poser sur les zones un peu sensibles et intimes de mon corps. L'une de ses mains s'apposa d'ailleurs sur ma bouche pour m'éviter de crier. Je tentais de me débattre mais je n'arrivais à rien. Ils étaient plus nombreux et avaient surtout une force et une poigne que moi, simple ado de quinze ans, je ne pouvais surpasser. Jeune mais pas idiote, je savais comment cette nuit allait se terminer pour moi… Et les larmes commencèrent à reprendre possession de mes yeux même si je ne le voulais pas. J'avais peur. J'étais effrayée et tétanisée. Après m'avoir pris ma mère, on allait me prendre mon innocence. Et dans les deux cas, j'en suis une témoin faible et incapable d'y faire quoi que ce soit. C'est alors qu'il est apparu, lui, le justicier de Gotham. Cette ombre et ce symbole qui ne cessait de rythmer l'actualité de Gotham de par ses apparitions: le Batman!
Si ma surprise fut grande de pouvoir être sauvée par le justicier, elle n'en fut que plus immense lorsque, libérée de mes agresseurs, la chauve-souris m'emmena sur les toits de la ville à ses côtés et me révéla son véritable visage… Mon géniteur… Mon père… Cet homme que j'avais détesté, critiqué et désavoué durant toutes ces années n'étaient en fait que ce symbole masqué qui luttait nuit après nuit pour rendre la véritable justice incorruptible à travers les rues et la ville toute entière de Gotham. Étonnée, choquée, incrédule, plus perdue encore… Ce fut un tumulte et un torrent d'émotions contradictoires qui me prit d'assaut. Désarçonnée, décontenancée, il me ramena au manoir afin de tout me dire, de tout me raconter. Pourquoi porter le masque, pourquoi se battre ainsi nuit après nuit, pourquoi avoir caché cette vérité et pourquoi s'être montré si absent durant toute ma jeunesse. Des révélations qui me touchèrent, qui me bouleversèrent. Je ne pouvais pas dire que je tombais aussitôt en un amour rempli d'affection pour mon père, mais j'ouvrais les yeux et acceptais de comprendre le pourquoi du comment. Mais cela n'empêchait pas certaines 'blessures' de rester ouvertes malgré tout.
Depuis cette révélation, je ne lui ai pas laissé le choix. Je ne lui ai pas laissé le choix à la fois de m'aider et de me former. Je voulais être capable de faire le deuil de ma mère et, en même temps, être capable de me montrer plus forte, plus insaisissable. Je voulais être capable de pouvoir me défendre contre tout type de menace. Je voulais m'endurcir. Je voulais devenir quelqu'un qui n'aurait nullement peur de lever les poings face à un conflit ou une violence quelconque. Tout comme je voulais pouvoir agir pour qu'une mort à l'image de celle de ma mère ne puisse plus arriver. J'ai bravé son refus et son entêtement afin qu'il cède et qu'il m'apprenne à devenir aussi forte que la chauve-souris. Ainsi ais-je commencé à me couper quelque peu du monde pour rattraper tout ce temps perdu avec mon père. Ainsi ais-je commencé par endurer un entraînement plus que douloureux et difficile. Ainsi ais-je appris à découvrir les réelles motivations d'un justicier, la morale propre au Batman. Ainsi ais-je appris à me battre en découvrant l'art des arts martiaux, mais aussi l'art d'enquêter, d'investiguer en m'inculquant les principes de la criminologie et de la médecine medico-légal. Il m'apporta toute sa science, tout son savoir. Il me forma dans son sanctuaire qu'était la Batcave avant de me laisser l'accompagner sur le terrain. C'est en l'ayant pour mentor que j'ai appris à le percevoir comme un père proche, attention et 'aimant', même si nos rapports étaient toujours marqués d'une certaine retenue sur le plan sentimental. Grâce à lui, je suis devenue une adulte, une femme… Et à la fois, quelque chose de bien plus que ça!
Je me suis sentie plus vivante que jamais à vagabonder entre les toits de Gotham auprès de lui. Je me suis sentie à la fois vivre et être complète lorsque nous traquions le crime et les horreurs de ses plus grands ennemis et autres adversaires. Que ce soit les victoires ou les défaites, les félicitations ou les blessures reçues, nous avons appris à tout partager pendant ces années-là. Et mon seul remerciement fut un symbole fort et unique en même temps. Je choisis à mes 21 ans de reprendre officiellement son nom. Je ne perdrais ni ne renoncerais jamais à la mémoire de ma mère. Mais j'avais besoin de montrer au monde entier qu'Eliana Wayne était bel et bien la digne héritière de son père. D'ailleurs, c'est en tant qu'héritière digne de ce nom qu'il m'appris également les rouages de son autre univers… Celui de Wayne Enterprises. Il ne voulait personne d'autre que moi à la tête de cette 'entreprise familiale' et je tâchais de me montrer aussi digne que possible de tous ces nouveaux savoirs qu'il m'apporta et me livré tel le plus précieux des cadeaux. À la fois héritière de son nom et de son ombre, l'enfant adolescent rebelle et en colère était devenue une femme vivant pour la fierté de l'homme qu'elle avait tellement détesté injustement des années auparavant en fin de compte.
Malheureusement, il fallut compter sur l'horreur et le sadisme d'un clown junior totalement dérangé et psychotique pour gâcher ce merveilleux tableau de famille. La lutte infernale qui se déroulait entre le célèbre Joker et mon père avait pris un tournant plus fatal lorsque leur dernier affrontement amena la mort dudit Joker, bien qu'elle n'avait pas été souhaitée. Mon père m'avait appris l'importance de la vie, et l'importance de ne pas tuer afin de conserver précieusement cette unique règle qui nous séparerait toujours des montres et des criminels que nous combattions. Cette mort sembla néanmoins sonné le glas de la folie, du chaos et de l'enfer dans les rues de Gotham… Jusqu'à ce jour, jusqu'à cette nuit où j'ai retrouvé le corps de mon père sans vie. La chauve-souris avait été laissé pour morte. Je l'ai pleuré, j'ai fait en sorte qu'il reçoive tous les soins possibles et imaginables afin que l'on puisse me ramener. Mais le verdict était le suivant: un coma prolongé dont nul ne sait s'il en ressortirait un jour. Je connaissais la force de caractère de mon père, je connaissais la puissance de sa volonté. Et je ne pouvais me résoudre à le laisser partir d'une telle manière. Alors je l'ai conservé, précieusement, à mes côtés, tout en le maintenant continuellement dans un coma artificiel en attendant le jour où il se réveillera à nouveau.
Depuis ce jour, ma vie a quelque peu changé. Aujourd'hui, les entreprises Wayne se sont implantées au sein de cette nouvelle 'mégacité' appelée Metropolis. Je savais que Gotham était en de bonnes et d'excellentes mains, que la sécurité y avait retrouvé ses droits. Et puis, je ne pouvais pas laisser cette nouvelle métropole voir le jour sans y mettre mon grain de sel. Cette ville devait être la solution et la réponse face aux horreurs s'étant abattue sur la côte ouest. Cette ville devait être un nouvel Eden, un nouveau paradis… Mais le cynisme familial qui coulait dans mes veines ne parvenait pas à y croire totalement. Qui plus est, tout ce 'nouveau monde' était l'œuvre d'un seul homme: Ezio Grey. Je me devais de connaître cette nouvelle entité qui avait toute une gigantesque métropole dans le creux de ses mains. Ainsi ais-je décidé de m'installer à Metropolis. Ainsi ais-je décidé de mêler les affaires de la Wayne Enterprises aux affaires de cet énigmatique monsieur Grey. Ainsi ais-je décidé de reprendre le costume de mon père et l'identité du Batman pour que personne n'oublie jamais l'immortalité de son symbole. Et ainsi ais-je rejoins le projet Injustice afin de lutter contre les failles de ce nouveau système en place et de m'assurer que cette justice pour laquelle s'est tant battu mon père puisse encore vivre et exister dans ce pseudo paradis aux allures infernales!