Tu avais revêtue ta plus jolie robe bien que tu saches pertinemment qu'elle ne serait jamais à la hauteur de celles que porteraient toutes les femmes qui seraient présentes. Tu savais que quoique tu tentes de faire, quoique tu portes tes tatouages feraient toujours tâche dans ce genre d'endroit, pourtant tu ne les regrettais pas le moins du monde, ils étaient une partie de toi, de ton histoire, à jamais gravés dans ta peau, chacun d'entre eux avaient leur histoire, leur raison d'être et peu t'importait le regard des gens. Il glissait sur toi, rampant, sinuant sans même que tu t'en rendes réellement compte. Tu avais toujours vécu dans un monde à part, dans ton jardin secret, là où tu laissais seulement entrer Peony; parce que dans un sens pour toi Peony elle est un peu comme l'autre moitié de ton être. Comme la seule et unique personne qui te donne l'impression que tu formes un tout lorsqu'elle est à tes côtés. Tu avais laissé tes cheveux flamboyants lâchés et enfilé maladroitement une paire d'escarpin de seconde main, tu n'avais pas traîné, préférant presser le pas et quitter le plus vite possible Gotham Hills. Tu n'en avais pas parlé à Peony, d'ailleurs tu ne l'avais pas vu de la journée, tu détestais ces jours où vous ne faisiez que vous croiser, comme deux fantômes, tu haïssais ces journées où tu n'avais pas la possibilité de passer les doigts dans sa chevelure et de jouer avec ses mèches rousses ne serait-ce qu'un court instant. Tu avais besoin de ce contact apaisant, tu avais besoin d'elle pour ne pas perdre les pédales, pour ne pas ressentir ce poids au creux de ta poitrine. Dépendante, oui tu l'étais totalement, tu ne l'avais jamais caché et n'importe quel imbécile aurait pu aisément s'en rendre compte tant ça crevait les yeux ! Elle n'aurait pas aimé ce que tu t'apprêtais à faire et ça tu en étais pleinement consciente. Elle aurait probablement hurlé, t'aurais dit que tu étais totalement inconsciente car ce genre de personne tout le monde sait ce qu'il se passe dans leur tête. Parce que ce genre de vieux ils ne proposent pas ce genre de chose sans avoir la moindre idée derrière la tête. Oui peut-être, ou peut-être pas, toi tu n'y voyais que la possibilité de pouvoir un jour peut-être participer à quelque chose de grandiose, voir enfin le nom des Isley retrouver une place de choix dans la société, la possibilité de pouvoir offrir à Peony la vie dont vous aviez toujours rêvé. La possibilité de vous tirer de ce trou à rat et qui sait peut-être même pouvoir habiter dans un de ces luxueux appartements d'Eden Hills. Qu'il était beau de rêver. Un sourire accroché sur tes lèvres tu te prenais à rêvasser, ton pas légèrement sautillant tu te dirigeais vers le plus beau des quartiers que Metropolis pouvait posséder. Une fille de Gotham Hills ici c'était un peu comme trouver une mouche dans sa soupe, rien de bien ragoutant, pourtant tout le monde se sentait obligé de porter son regard dessus. T'arrêtant enfin devant l'immense tour de la Stryker Corp. tu ne pus te retenir de lâcher un petit sifflement admiratif, ce bâtiment était des plus splendide et te semblait ne jamais finir, tu avais l'impression qu'en montant sur son toit tu pourrais probablement toucher les étoiles qui commençaient peu à peu à faire leur apparition. Restant encore quelques minutes à observer les lignes du building tu fus sorti de ta contemplation par une voix familière « Mademoiselle Isley ! Je ne vous attendais pas si tôt, mais c'est toujours un plaisir de vous voir ! » Monsieur Beckett se tenait droit devant toi, un immense sourire sur les lèvres, le soleil prenant des teintes orangées se reflétant dans ses yeux gris et rieurs. Te contentant de bredouiller une excuse incompréhensible tu t'avançais vers lui les joues rougies, te sentant tout à coup ridicule dans ta robe un peu trop simple comparé au costume que ce dernier portait. T'offrant son bras, il t’entraîna à l'intérieur du bâtiment, passant devant la sécurité sans même que ceux-ci ne daignent venir vérifier quoique ce soit, à croire que cet homme avait bien plus de pouvoir encore que tu n'avais pu l'imaginer. Ton cœur battait dans tes tempes non pas par excitation, mais par appréhension, l'appréhension de la colère de Peony quand elle apprendrait dans quoi tu t'étais lancée sans elle. Elle voulait te protéger, seulement qu'il ne t'arrive rien et tu le savais très bien, mais tu n'en pouvais plus de la voir prendre tous les risques à ta place, tu voulais la voir sourire, par tous les moyens et ce même si tu devais donner de ta personne pour cela... T’entraînant dans les étages il n'arrêta pas de parler de tout et de rien tout en faisant des allusions plus ou moins lourdes auxquelles tu tentais de ne pas faire attention. Finalement l'ascenseur finit par se stopper au quatorzième étage, l'homme t'adressa un immense sourire avant de te montrer la sortie « J'ai un petit cadeau pour vous mademoiselle Isley, vous ne pouvez décemment pas aller dîner avec cette robe-ci, il vous faut quelque chose qui vous mette... bien plus en valeur... » ouvrant la porte d'un bureau il pointa du doigt une longue boite blanche « Me ferez-vous l'honneur de bien vouloir accepter ce modeste présent. Je serais ravi de vous voir la porter, je ne pense nullement m'être trompé sur la taille. » D'un pas hésitant tu t'approchais de la dite boite et en soulevais timidement le couvercle, un vert profond te sauta alors aux yeux et tu finissais de dévoiler cette beauté à la vitesse de l'éclair, la bouche légèrement entrouverte devant la finesse de la soie. Jamais tes doigts n'avaient encore effleuré une telle étoffe. « C'est beaucoup trop, monsieur Beckett. Je ne pourrais jamais porter une telle robe. » d'un simple geste de la main il balaya tes paroles « Enfilez-la donc que je puisse vous montrer la véritable beauté de cette tour mademoiselle Isley. » lui jetant un regard tu compris qu'il ne bougerait pas, se contentant de te fixer, tu pouvais sentir son regard se promener sur chacune des courbes de ton corps alors que de dos tu retirais tes vêtements. Son souffle se fit quelque peu plus rauque, tentant de ne pas y prêter attention tu terminais de remonter la discrète fermeture sur le côté de ton flanc. Te retournant vers lui tu lui adressais un timide sourire. « A présent allons-y nous avons tant de choses à nous dire... », abandonnant ta robe, il te fit de nouveau prendre place à bord de l'ascenseur, les étages défilèrent à vitesse grand V et lorsque enfin cette machine infernale se stoppa, alors que tes yeux allaient enfin se parer d'étoiles, toute une armada d'hommes armés se mirent à demander divers renseignements à Beckett et te lancer des regards suspects. Une fois plusieurs vérifications qui te parurent plus que déplacées, et faisant monter en toi un sentiment de colère, les deux lourdes portes face à vous s'ouvrir te laissant découvrir une salle de restaurant absolument splendide, faisant s'envoler toute trace de colère en toi. « Après vous mademoiselle Isley. »

(c) AMIANTE