« Madame Wiliams ? » Elle ouvre péniblement les yeux, ressentant d’affreuses douleurs au niveau de sa tête, ses genoux, ses bras, pratiquement toutes les parties de son corps. Elle place sa main sur ses yeux à cause de la lumière qui lui pique la rétine. « Excusez-moi, mais je suis où là ?! » finit par lâcher Madison. « A l’hôpital, vous avez été laissé pour morte devant les portes des urgences, c’est un miracle que vous soyez encore vivante. » C’est alors que la jolie brune essaie de se rappeler de ce qui lui est arrivé, c’est un trou noir qui lui vient à l’esprit. Rien d’autre. « Je me rappelle pas de ce qui s’est passé.. Je suis désolée mais… » Les mots se bousculent dans sa tête, à vrai dire, elle ne se rappelle plus de grand-chose. « Docteur je crois que je me rappelle de rien ! » « C’est normal, vu le choc que vous avez subit, il faudra certainement du temps pour que tout revienne. » Le rythme cardiaque de Mady commence à s’emballer, prise d’une crise de panique, elle n’arrive plus à réfléchir, à penser, ou faire quoi que ce soit d’autre. « Reposez-vous madame, je passerais vous revoir ce soir. » Le médecin quitte sa chambre, Madison regarde de droite à gauche, de haut en bas, comme pour analyser la pièce dans laquelle elle se trouve. Bien sûr, elle sait comment elle s’appelle, où elle habite, enfin du moins c’est ce qu’elle croit, sa date de naissance, comment se prénomme ses parents, mais elle a cette impression qu’il lui manque quelque chose.

C’est avant de quitter l’hôpital que le médecin vient voir Madison une dernière fois. Quand il entre dans la chambre, la jeune femme est en train de regarder la télé, c’est comme ci elle était subjuguée par ce qu’elle était en train de regarder. « Madame, vous allez bien ? » « On est en quelle année ? » « Vous pensez qu’on est en quelle année ? » « 20..11, mais là, là, à la télé, ils ont dit 2016. Est-ce que c’est une blague ? » Le médecin sort sa petite lumière et regarde les yeux de sa patiente, pourtant rien à l’horizon. « Docteur, est-ce que j’ai perdu la mémoire ? » « Il se peut que vous ayez des séquelles plus graves que prévue. »

Quelques semaines plus tard, Madison avait enfin retrouvé son appartement, pour elle un endroit encore inconnu, car elle avait déménagé un an auparavant, mais elle n’a plus aucun souvenir, étant donné que sa vie s’est arrêtée en 2011, les cinq dernières années pour elle ne sont qu’un vague trou noir. Elle se ne rappelle même plus de son agression, et ce qui s’est passé. Quand elle mit le pied dans son appartement, c’est comme ci elle était entrée chez un inconnu. Elle avait mis du temps à s’y habituer. Les photos sur les meubles, aucun flash, aucun souvenir, c’est comme ci elle avait posé avec des inconnus dans la rue, pourtant ces inconnus là n’étaient autre que ses amis. Sa vie ne lui appartenait plus.

« Mady ? » Elle sursaute. Elle avait oublié qu’une soit disant amie l’avait ramené de l’hôpital. « Comment tu te sens ? » « Mal à l’aise, j’ai l’impression de ne pas habiter là, pourtant d’après ce que je peux voir, ça me ressemble bien. » Son amie lui prend la main, l’emmène s’asseoir sur le canapé. « Mady, tu te souviens absolument pas de ton agression ? » Elle se mord la lèvre, tentant de fouiner dans ses souvenirs, mais rien ne lui vient. « Non c’est le trou noir, c’est ce que j’ai essayé d’expliquer au médecin, rien ne me vient. Les cinq dernières années de ma vie, pouf envolé. » « Vraiment ? Aucun visage ? » « Absolument pas. Pourquoi tu me poses toutes ces questions ? » Madison se recule légèrement. « Madison, tu en savais trop, beaucoup trop. Ils ont essayé de t’éliminer, tu leur posais trop de problèmes. » « Problème ? Quels genres de problèmes ? De qui tu parles ? » Elle se lève brusquement du canapé. « Franchement, tu me fais flipper. Et puis je sais même pas qui tu es, mais mon instinct est en train de me dire que t’es loin d’être mon amie. » La jeune femme en face d’elle se lève également, et finit par la plaquer contre le mur, un couteau pointé sur sa gorge, chuchotant « Tu devrais alors apprendre à écouter plus ton instinct. Tu es un problème Madison, un gros problème. Tu n’aurais pas du survivre à cette attaque, mais à croire que tu es plus coriace que ça. Te tuer maintenant ? Ca serait tellement te rendre service. A partir de maintenant, tu vas vivre dans la peur, tu ne sauras plus qui sont tes amis, et qui ne le sont pas. » Et dans un courant d’air, la jeune femme disparue, laissant Madison dans un malaise inexplicable.