« Tu as tué mes hommes, alors tu vas bosser pour moi. Tiens prend ce flingue. » ta langue n'avait pas fourché, du haut de ton petit mètre soixante trois tu fixais ce grand gaillard sans ciller. T'avais toujours tenu tête à tout ceux qui avaient un jour tenté de te chier dans les bottes, jamais tu n'avais plier, jamais tu ne plierais et les petites étoiles sur tes genoux étaient là pour te le rappeler. Les mots de ton père raisonnaient encore à tes oreilles « Elles sont le symbole que jamais tu ne ploieras devant l'autorité. Un Mikhaïlov répond toujours à une parole par un acte. » du sang tu en avais probablement tout autant que lui sur les mains, que tu te sois chargée des personnes directement ou indirectement. On ne se rappelle plus de ton prénom, mais seulement de ton nom, ce nom russe qui claque dans l'air comme une menace, connu pour avoir dirigé l'une des plus grande organisation mafieuse de toute la Russie la  Solntsevkaïa. Tu as marché sur les traces de ton père, perpétué le nom mais surtout l'honneur de ta famille, gravissant petit à petit les échelons là-bas de l'autre côté de l'atlantique. A vingt-quatre ans aujourd'hui tu diriges l'un des plus important trafique de drogues dures de tout Metropolis, tires les ficelles de la maison close de SinCity. Mais qui ferait confiance à une gamine dans ton genre ? Personne. Tu as fini par te résoudre, et cet homme, celui qui se tient face à toi présentement, ce sera lui, il sera ta marionnette, celui qui te représentera, mais jamais il ne devra oublier où est sa place. « Tu te souviens quand je t'ai dit "Je vais te tuer" et que tu as dit "pas question" ? Qu'est ce qu'on a rit. Maintenant, on a fini de rire. » Depuis les mois ont passé, depuis il n'a pas eu l'air de saisir, il s'est détourné du chemin qu'il aurait dû prendre, il a trop parlé, il a joué, tu l'avais prévenu, il vient de se brûler les ailes, et sa chute devra servir d'exemple... Jamais ta main n'a tremblé, jamais elle ne tremblera, ta peur sans cesse tu ravaleras, parce que tu ne peux pas, parce que tu es sa fille et que ça tu n'en as pas le droit. Sergueï Mikhaïlova, un nom, une ombre, le glaive qui pend au dessus de ton crâne. Ce nom à cause du quel tu ne pourras jamais faillir, jamais tu n'auras le droit de déshonorer la Solntsevskaya. Mort ou pas, loin ou non, tu sens encore son ombre planer sur toi, tu n'as plus de nouvelles, plus depuis que tout ça est arrivé, pourtant tu ne peux pas te résoudre à le décevoir, jamais. Tu as repris son nom, à la sueur de ton front, au prix du sang entachant tes mains la Solntsevskaya a pris racine de l'autre côté de l'Atlantique. Le coup est parti, claquant dans l'air, pour venir le frapper droit entre les deux yeux, il n'a pas bronché, il n'a pas cillé, il a affronté la chose jusqu'au bout, ce qui te rendait encore plus en colère, de voir à quel point il aurait pu être un bon élément, à quel point il aurait pu être prometteur, et qu'à présent il finirait jeté dans le No Man's Land, après tout sur Terre, rien ne se perd, tout se transforme... Répète-toi, n'oublie pas, jamais ces trois règles, les plus importantes celles que tu ne dois jamais oublier, sans arrêt récite-les avant de prendre une décision, avant de choisir, car tes choix seront ce qui te perdras. Rappelle-toi, n'oublie pas : « Le bonheur n'existe pas. L'amour est impossible. Rien n'est grave. » La seconde sera celle à ne jamais oublier, sous aucun prétexte, car on le sait l'amour peut se transformer en haine et ce sont les gens qui nous ont le plus aimé qui nous ferons le plus de mal. Une dépendance, c'est ce qui te détruirait, l'amour ce n'est qu'une foutaise, ce n'est rien d'autre que ce qui a précipité la chute des plus grands. Tu ne veux pas aimer, tu as peur de l'amour, parce que l'amour c'est une triste histoire, toujours fatale pour quelqu'un. Tu dois te murer, armer ton coeur et le blinder envers et contre tout, trop impulsive, trop passionnée, tu te laisserais emporter, tu emporterais tout sur ton passage, tu détruirais tout ce que tu as mis tant de temps et d'effort à monter. Pas de regrets, pas de remords, aucun sentiment, ils sont des pions sur ton échiquier, rien de plus, ou du moins veux-tu le faire croire, ou du moins tu aimerais au moins t'en persuader toi, mais c'est faux, tu le sais au plus profond de toi-même, ils sont ta famille, toi la pauvre gamine en manque d'affection que tu es encore aujourd'hui, tu retrouves dans cette bande d'incapable les repères que tu aurais aimé avoir auparavant. Les choses étaient tellement simples lorsque tu étais enfant... Tu ne te souciais de rien, tu n'avais pas besoin de te poser la moindre question, tu n'avais qu'à écouter, tu n'avais qu'à demander et rien de plus, mais maintenant, maintenant que tout avait changé, que tu te retrouvais seule coupée du reste de ta véritable famille. Loin de tout ceux qui avaient pu te protéger un jour, tu avais grandis, pris un chemin différent de celui que tu avais pu un jour t'imaginer. Tu aurais aimé rentrer dans un corps de balais, tu aurais aimé pouvoir à ton tour fouler les plus grande planches de salle de théâtre, voir ton nom écrit en haut de l'affiche, mais aujourd'hui la réalité est toute autre, les rêves de petites filles se sont envolés, ils ont été remplacé par la vie, la vraie, pas les paillettes d'or que l'on pouvait te faire miroiter, non. Tu étais passé de l'autre côté, tu avais vu l'envers du décor et surtout tu avais appris que l'on n'avait jamais rien sans rien. Enfouir au plus profond de ton être tes espoirs, et sentiments, les occulter à défaut de pouvoir les oublier réellement afin de pouvoir survivre aujourd'hui, survivre après tout ça. Il n'y avait encore plus au jour d'aujourd'hui plus que les armes, le sexe et l'argent qui parlaient au jour d'aujourd'hui. Dans cette nouvelle citadelle érigée pour les plus grands, seuls les méritants survivent, et toi, toi tu comptais bien être de ceux-ci et redonner vie à ce nom que tu as tant chéri... Et pour cela peu t'importe le prix à payer.