the night is dark and full of terrors

  Essuyer une nouvelle dispute avec Karla, voilà bien une chose dont je me serais ouvertement bien passée. Il faut dire que c'était assez récurrent depuis que nos secrets respectifs avaient été percés à jour. Par moment, j'aimerais me dire qu'il serait nettement plus sage de mettre fin à toute cette histoire… Enfin, toute cette histoire… Est-ce qu'on peut seulement parler d'une véritable histoire entre elle et moi? Je ne sais pas, je ne sais plus… Je me sens totalement larguée sur ce point et, ce, dans tous les sens du terme. Par moment, j'aimerais que tout redevienne comme avant, comme à nos premières rencontres, à nos tout débuts. On se souciait pas mal du fossé qui pouvait éventuellement nous séparer entre le crime et la justice. On se foutait éperdument de savoir si l'une était plus honnête que l'autre, ou si l'autre avec des secrets et des choses particulières à se rapprocher par rapport à l'une. C'était simple, avec un peu d'attachement sans qu'il n'y en n'ait trop et… Bon sang! Je comprends pourquoi mon père avait toujours privilégié le combat de sa vie aux histoires de cœur et de couples! J'avais eu la faiblesse de ne pas marcher totalement dans ses traces à ce niveau-là. Je ne me contentais plus de collectionner les histoires d'un soir, d'enchainer les amantes sans trop de responsabilités à prendre concernant ses dernières. Non, le cœur avait ses raisons que la raison ignore, et je m'étais bien malgré moi enfermée dans cette torture sentimentale qui ne cessait de me mettre la tête en vrac du matin au soir! Qu'allais-je faire? Je l'ignorais tout simplement…

Pour l'heure, c'était autant que je mette tout ça de côté. Karla, Batman, Injustice… Une petite soirée 'normale' en tant que simple femme ne me ferait pas de mal. Et ça, ironiquement, je le devais à une 'adversaire' de mon côté chauve-souris, ma chère et sulfureuse Calista! Calista, Calista, Calista… Une de mes plus belles conquêtes d'un soir si je devais parler d'elle objectivement. Et, aussi, une femme que j'appréciais et respectais malgré certains désaccords dont elle ignorait toute la portée et toute l'importance. Je jouais la femme qui prenait les justiciers pour des dérangés du ciboulot mais sans plus. Il y avait comme une perception d'eux comme un danger et une peste qu'il fallait éradiquer par tous les moyens chez Calista. Et le plus malheureux, c'est que chez elle, ce n'était clairement pas de la comédie. Mais je n'arrivais pas à la détester pour autant. Je n'arrivais pas à la considérer comme une véritable ennemie ou adversaire… Elle est ce genre de femme avec un aspect antagoniste que j'aimerais pouvoir convaincre qu'elle peut se tromper en certains points. C'est le genre de femme à qui je voudrais pouvoir dévoiler mon identité pour l'aider à lui ouvrir les yeux. Mais je sais également que c'est le genre avec qui ce serait tout simplement peine perdue! Qu'importe. Qu'elle puisse un jour devenir une femme avec laquelle je ne pourrais rien faire d'autre que de me battre, ce soir je profiterais simplement de sa présence et d'un tête à tête comme nous seules avions le secret.

-Wesley? Je serai à l'Exodus. Si ce n'est pas un cas d'extrême urgence, Batman est en congé pour ce soir.

Je vois mon ami et majordome opiner du chef tout en souriant, presque heureux que j'accepte de délaisser la cape le temps d'une soirée. Toujours à s'en faire ce cher Wesley. En cela, il me rappelle pas mal ce cher et défunt Alfred qui a su servir notre famille avec tant de dévotion.

Vêtue d'une élégante robe blanche, c'est au volant d'une Lamborghini hors de prix que j'arrive aux portes de l'Exodus. Un coup d'œil sur ma montre: dix minutes de retard, hum, ça va. La base quoi. Je passe les portes sans aucun soucis, gratifiant toutefois le service d'un réception d'un charmant et élégant sourire dont j'ai appris à avoir le secret. Je me présente et informe de la réservation prise par ma chère amie. Je suis directement prise en charge et alors menée à la table de ma partenaire du soir. Mon sourire s'étend sur mon visage lorsque je distingue sa silhouette, et d'avantage encore lorsque je parviens à détailler sa robe. Une fois de plus, elle n'a pas lésinée sur les moyens, et je ne vais certainement pas lui en vouloir pour ça.

-Vous êtes toute en beauté, miss Bloody-Mary!

Lançais-je en venant m'installer face à elle, autour de la table. Ce petit surnom avait une origine particulière que nous deux seulement connaissions. Et je ne me voyais pas trop comment l'appeler autrement, surtout lorsque j'avais la satisfaction de la retrouver.

-J'avoue que je me demandais quand est-ce que tu m'inviterais… Ca remonte depuis la dernière fois! Les entreprises Stryker seraient-elles encore en plein boum d'expansion?

Taquinerie de PDG. Encore une fois, seule une personne partageant notre position pouvait comprendre la pointe de dite taquinerie qui ressortait d'une telle réplique.

-À moins que je n'étais plus assez bien pour être en compagnie de la chère héritière Stryker peut-être?

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  Tout dans le charme et une espèce de sensualité non-dissimulée. J’appréciais beaucoup cet aspect de Calista. Cela lui allait majestueusement au teint. Et autant dire que cela avait également cette capacité de vous arracher une pointe d’envie et de saveur dans le regard trahissant une gourmandise dont vous n’aviez nullement conscience. L’aspect joueuse de ma personnalité appréciait ça. Appréciait, aimait et adorait ça. Il faut dire qu’à force de pratiquer le jeu de la séduction durant des années entières, il en demeure fatalement des restes. Des restes tels que la suggestivité, l’ambiguïté ou encore le goût de la réplique qui titille, qui provoque et qui charme. Oui, cœur pris et plus à prendre, c’est comme une tentation incontrôlable lorsque je me retrouve en compagnie de Calista. Je ne peux avoir de conversation où le sous-entendu est inexistant, qu’importe le danger et l’impact que cela peut avoir. Puis, non, je n’ai pas envie de changer cela. Mon cœur était à Karla, en un certain sens, mais mon esprit était plus solitaire et plus taquin. Jouer sur les apparences, entretenir ce qu’il ne se passera probablement plus entre l’héritière Stryker et moi-même. Faire de tous nos moments de bons moments, quelle qu’en soit la nature, afin que je puisse savourer sans relâche et sans retenue le plaisir de nos rencontres avant l’heure fatale où tout deviendra différent entre nous. Cynique, mais aussi fataliste. Je connais le couperet qui se balance au-dessus de nos têtes et qui, telle l’épée de Damoclés, finira un jour par tomber et annoncer sa vérité coupable et dérangeante !

-Eh bien, c’est un essai réussi sous la main! Bien que l’impact de tes charmes sur moi ne sont plus à prouver… Que tu sois dans cette superbe robe ou non…

J’y vais bien en tête, à la fois subtile et paradoxalement moins prudente que lorsque je prends la parole au sein des différents conseils d’administration de mon entreprise. Il est important de pouvoir être soi-même, de pouvoir réagir sans prendre de gants tout en laissant juste ce qu’il faut de précaution pour ne pas commettre d’impair. Je vois son mordillement, je sens son regard. Et, non, je ne vais pas nier que cela me flatte et me plaît. Ainsi la remerciais-je en la congratulant d’un regard mystérieusement intéressé… ou pas ! Oui, tout est dans l’inconnu, dans l’imperceptible en fin de compte. Qu’elle soit parvenue à me cerner définitivement ou pas, je ne lui faciliterai jamais la tâche pour autant.

-De notre dernière rencontre, vraiment ?

Je m’humecte les lèvres en prononçant cela, l’observant d’un regard mutin et tout en glissant une main juste sous mon menton pour écouter la suite de ses propos, la suite de ses paroles. Continuer d’écouter et de savourer l’onctueux grain on ne peut plus savoureux de sa voix. J’aime sa manière de sous-entendre un compliment dissimulé sous une forme d’attaque et de déduction que je qualifierais de finement amer. Je penche mon visage vers le bas. Son ironie m’arrache un petit rire que je ne contrôle pas vraiment. Elle est adorable. Elle est mignonne, séduisante et adorable. Que Calista ne doute jamais, ô grand jamais, de sa capacité de séduction et de charme !

-La taille de la Tour a peu d’importance, tu sais ? Cela n’enlève rien à ta valeur !

Je viens croiser mes bras sur la table, y prenant légèrement appuis comme pour me poser et me caler.

-Mais je te présente mes excuses de ne pas t’avoir contacté plutôt… Le quotidien d’un PDG, je suppose que je ne t’apprendrai rien… Autrement dit, tu n’as pas à te sentir jalouse pour quelques vieux croulants et d’autres mâles dépourvus de tout charme féminin !

Repris-je après avoir commandé une vodka martini au serveur. Sans complexe, j’assumais pleinement mon homosexualité. Je n’hésitais pas en faire état avec subtilité mais ne le criait pas pour autant sur tous les toits. Le fait est simplement que Calista, en ce qui la concernait, n’avait plus aucun secret au sujet de mes appétits et de mes préférences !

-Enfin, pas totalement…

J’arquais un sourcil en souriant.

-Mais je me suis dit que tu ne m’attendrais pas non plus pour satisfaire tes instincts, tes appétits et tes besoins… Donc, j’ai eu plaisir à pouvoir consommer quelques mets… Assez délicieux…

Conclus-je d’un petit clin d’œil amusé. Je savais, ou je continuais d’espérer, que cette provocation était naturelle et bon enfant. Qu’il n’y avait pas de vexation pour de tels termes et qu’elle serait me rendre la pareille à sa manière, pour le meilleur et pour le charme. Car non, il n’y avait jamais de pire… Pour le moment !


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