La Russie, c’était définitivement la chose la plus atroce que j’ai vue de toute ma vie. Je ne savais pas si je devais m’inquiéter à chaque fois que je sortais de chez moi, parce que les enfants ne m’aimaient pas du tout. Je n’ai jamais réussie à m’intégrer dans leurs groupes, pas une fois. Je suis partie de cette endroit à mes dix ans, quand la mère de mon père à téléphoner. Ou du moins, quand les médecins ont téléphoné pour parler d’elle. Quand les gens meurent, ils ont une certaine sérénité sur le visage. Ils ne parlent plus beaucoup, parce qu’ils sont sages. Mais c’est aussi leur âge qui leur donne cet aspect. Qui fait qu’on pourrait presque croire en leur innocence. En Angleterre, je n’ai jamais réussi à me faire apprécier non plus. Les gens de mon âge me faisaient moins peur. Oui, beaucoup moins peur, parce que j’avais commencé à m’entraîner. Je pratiquais les sports de combats et la gymnastique. Ma mère m’a toujours dit qu’il fallait être féroce comme un lion affamé et agile comme un chat. Je n’avais pas compris pourquoi je subissais un entraînement de fer, mais le jour des révélations sur sa vie passée m’a tout de suite éclairé. Ma mère, une femme du mal. Lady Blackhawk. Je la vénérais, je l’aimais à en mourir. J’aurais tout fait pour ma mère. Tout. Elle m’inculquait ses principes, et ils devenaient miens. J’ai passée des années à être la fille parfaite, l’acolyte du mal. J’ai toujours tout fait pour lui plaire, pour la voir être fière de moi. « Ma chérie, on déménage. » Encore et toujours, ce besoin de partir, de changer d’air. C’était il y a un an. Elle avait voulu qu’on change de vie pour s’installer à Métropolis. Métropolis. La dernière ville de la côté dévastée des Etats-Unis. À croire qu’elle voulait qu’on meure sous les radiations. Mon père n’était pas venu tout de suite avec nous, non. Lui il voulait partir le moins vite possible pour rester avec sa famille. Je le comprenais en un sens. Sauf que moi, je ne considérais pas ses gens comme ma famille. Je n’avais pas encore trouvé cette sensation qu’on est censé avoir avec sa famille, vous savez… Ce bien-être, ce bonheur absolu, cet amour. Je n’avais jamais encore ressenti ça, sauf pour ma mère, lors de mes entraînements. Sinon, elle restait cette totale inconnue. « C’est ici que nos chemins se séparent. » Je la regardais. Elle était sérieuse. Je ne comprenais pas bien, jusqu’à ce que je sente une main sur mon épaule. Je me retournais d’un coup sec, je me souviens de cet homme, le Don. C’était de la mauvaise graine, ça se voyait au sourire pervers qui se dessinait sur son visage. Je me tournais de nouveau vers ma mère. Elle m’avait vraiment prise pour une conne. « Allez, casse toi. J’ai compris. » Je n’avais pas pris de pincette, et les hommes de cet être si vile qu’il m’attirait terriblement prenaient mes valises pour m’installer dans l’appartement de mon choix. J’avais choisie un immeuble insalubre et complètement friable. Ça ne me coûterait rien, et les murs étaient encore en bon état. J’habiterais au dernier étage, là où la baie vitrée qui mène sur la galerie remplace les murs et me montre toute la ville d’un seul coup. Le Don avait prévu mieux, mais c’est celui-ci que je voulais. Je n’en voulais pas un autre. « Tu sais que tes parents ce sont sacrifiés pour toi ? » Je m’étais tourné vers lui, pour lui donner face. « J’imagine bien qu’ils sont morts. Vous ne les auriez jamais laissé partir. » Il m’expliquait cette nuit-là, ma première nuit ici, que ma mère n’avait pas toujours fait les bons choix et que mon père restait un dommage collatéral. J’avais aussi accepté de travailler pour lui dans un club de striptease. Tout ce qu’il attendait de moi, c’était que je passe la drogue à certains clients et que je récupère l’argent qu’ils lui devraient, rien de compliquer pour moi. Sauf qu’heureusement, il m’avait fourni la chose la plus importante pour les portes ouvertes dans cette ville, une fausse carte d’identité. Même prénom et même nom, sauf que mon âge en prenait un coup. J’étais passé de dix-sept à vingt-et-un an. La guigne, n’est-ce pas. Vous l’aurez compris, ça fait maintenant un an que je fais ce qu’il faut pour le Don, et je le considère même comme un père. Il m’a tout apprit de son milieu et je lui rends l’appareil en me chargeant de ses affaires les plus importantes. Il a même choisit mon nom de scène « Perle. » J’ai déjà tuée deux personnes pour lui, de sang froid. Et si vous vous souvenez de ce que je vous disais au début de cette histoire, sachez que quand vous pointez une arme sur quelqu’un, il a simplement l’air plus coupable qu’innocent.